Compte- Rendu journée en Champagne – Maison Mumm

Dégustation des vins clairs

Epreuve souvent redoutée, car en parallèle de l’intérêt intellectuel elle est souvent douloureuse pour les dents et gencives…Et pourtant, en cette année 2020 acidités sont légèrement plus basses qu´en 2019, le fruit est intense, on constate par endroit des touches un peu végétales. Les pH restent bas et malgré un petit décalage sur les phénoliques, les vins sont gourmands, typés par leur terroir respectif, équilibrés entre richesse et élégance. 

  1. Chardonnay Montgueux – de maturation précoce en 2020, les premiers coups de sécateur reteintent le 17 août dans la zone, pour qu´enfin, vers 20 août les raisins soient déjà à 11% potentiel. Les vins sont à 11,3% vol., les phénoliques sont néanmoins moins murs qu’en Côte des Blancs. Malheureusement pour le cru, le gel du début de 2021 a fait des dégâts à 90%.

Anisé, légèrement tropical, aux notes d´ananas, sec, avec d´acidité mûre et élevée, avec un caractère charnu, juteux, les agrumes sont mûrs, teintés de quelques zestes, phénoliques avec des touches légèrement végétales. 

  1. Chardonnay Cramant sans malo 10,8% vol.

Le nez est plus discret, la pomme est présente avec une touche de peau de pomme, un peu oxydatif, caractère très sec, dans l’esprit « bone dry », d’acidité haute mais encore une fois mûre, plus tranchante que le Montgueux, phénoliques mûrs, touches citriques, finale sur la pomme croquante. Homogène en termes de phénoliques, des acides inférieurs à ceux de 2019.

Vallée de la Marne – Montagne ouest, planté à 50% Meunier, 50% Chardonnay. Vendangés à 11,5%, certains Chardonnay ont subis des blocages de maturité. 

  1. Meunier 100% Les vins vont dans l’assemblage Cordon Rouge – fruité, sur le fruit rouge, groseille, fines herbes, moyenne plus d´acidité dans un schéma champenois, la texture est soyeuse, phénoliques présents mais sans amertume, un peu herbales.
  2. Chardonnay/Meunier Réserve pour les années à venir et pour le Cordon Rouge

Plus floral, aux notes de cerise, amandes, fleurs de cerisier, plus charmeur, lifté par le Chardonnay, aussi quelques touches d’un univers racinaire, quelques notes de plantes, acidité plus élevée, boostée par le Chardonnay, et aussi une certaine densité sur les phénoliques, dans la texture.

Montagne de Reims

  1. Aÿ Pinot Noir (parcelles très impactées par le gel en 2021, tout comme Chouilly.)

Mûr, aux notes typiques de fruits rouges, cerise, noyau de cerise, avec un peu de voile floral, agrumes, bergamote. Acidité mûre, texture soyeuse, phénoliques très mûrs, fruités et juteux. 

  1. Verzenay Pinot Noir – pour le Cordon Rouge et pour des vins de réserve

Groseille, petits fruits rouges, acidité élevée, mûre et structurante, avec tension et phénoliques présents, finale sur les groseilles, les zestes. 0,2% vol. plus élevé que l´Ay, ce qui se ressent par un style plus mûr. 

  1. Mailly – pour des vins de Réserve 

Mûr avec un peu de végétal, cependant, touche herbale aussi au palais, acidité soutenue et mûre, texturé, plus oxydatif, sur les amandes.

  1. Assemblage 2020 25% Chardonnay Cramant et Avize, 75% Pinot Noir Verzenay, Mailly et Ambonnay, 15% 1er cru, > 80% GC 2,99 pH, 4 g/l H2SO4

Nez aérien et frais, livrant des fleurs blanches, sec avec une acidité élevée mais mûre, frais et juteux, les phénoliques sont fermes et mûrs, pas végétaux, pas de touches herbales, plus sur les zestes, amandes fraîches, noyau de cerise, notes florales, gourmand.

Dégustation inspirée par la neuroscience

Exercice inédit proposé par Laurent Fresnet chef de caves de la maison Mumm et le neurobiologiste du laboratoire perception et mémoire à l´institut Pasteur – Gabriel Lepousez utilisant les verres du designer Olivier de Gaulle. Déroutant, fascinant, une vraie face cache du Champagne qui en un rien de temps semble changer de visage, d’âge, de perception. 

    1. Grand Cordon Rouge 70% Pinot Noir de GC base de 2017, 1 an de vieillissement en plus par rapport au Cordon Rouge, 30 mois à 3 ans en général, dosage à 8 g/l

Jaune citron moyen, aux bulles toniques, nez intense, avec une autolyse présente, rappelant la panification, la brioche : Viennent ensuite la pêche confite, la pomme, le miel, le pain grillé. Texturé par son dosage « off-dry-ish », tendre, mais avec une acidité élevée, salivante, tissue dans son toucher soyeux imprégné de bulles toniques. Le palais révèle plus les agrumes, le zeste, de touches phénoliques, apportées aussi par les lies, notes de pain, de fleurs, une teinte de pot-pourri et un retour sur le miel en finale. 

Verre violet : le nez semble plus évolué, plus mature, plus autolytique, centré sur le Pinot, avec un palais guidé plus par la structure, les phénoliques, les fruits noirs et rouges.

    1. Grand Cordon Rosé, dominante Ambonnay plus Premiers Crus, base 2016, dosage à 8 g/l 

Rose groseille, le nez charme d’entrée par ses parfums de fruits rouges : fraise, framboise, mais aussi un voile aérien de pot-pourri floral. Palais guidé par fruits et la fraîcheur, de pétillance gourmande et d´acidité élevée, il tient sur quelques phénoliques légers, toujours présents. L´aromatique du palais miroite le nez : fruits rouges gourmands, une teinte de confiserie, le noyau de cerise presque kirsché s´ajoutant en finale. 

Verre violet : Plus sur le Pinot, plus vineux, plus sur les phénoliques en bouche. Cerise plus mûre et profonde, plus d’autolyse, la touche de kirsch plus marquée.

    1. Millésime 2013 millésime tardif, de mi-octobre, fait exceptionnel ces dernières années. 80% Pinot Noir et 20% Chardonnay, dosage à 6 g/l

Robe or blanc, cristalline, nez intense de pêche, mirabelle, complétée par le miel, la fleur de tilleul, touches de tisane. Acidité élevée, tensionnée, mais mûre renforçant les zestes, les phénoliques, dans un style plus réducteur, plus crayeux, auquel s´ajoutent comme au nez le miel, la fleur, l’infusion de tilleul. 5-6 ans et plus pour le vieillissement potentiel.

Verre blanc : plus sur les agrumes, la craie, une perception plus élevée de l’acidité, des zestes, des phénoliques, encore plus réducteur, perception finale presque tactile sur des notes pierreuses et de la craie.

    1. RSRV Blanc de Noir 2009 Grand Cru Verzenay dosage 6 g/l

Dans un écrin doré pale, le nez séduit par des fragrances de pêche, mirabelle, miel, une touche de cire, épices douces, une riche autolyse briochée. Très frais et soyeux, soutenu par la texture teintée de fines bulles, par les phénoliques fins, zestés, ses aromes se teintent de tisane, miel, épices, sa longue finale crayeuse rebondit sur une certaine sensation de miel.

Verre blanc : plus frais, les phénoliques prennent un aspect plus crayeux, sans devenir austères.

Verre violet : ressenti plus mûr, plus évolué, très Pinot sur la prune mirabelle, le pain d’épice, profondément autolytique, encore plus sur le fruit rouge.

Déjeuner 

      1. RSRV Blanc de Blancs 2012 Grand Cru Cramant dosage 6 g/l

Finement autolytique, sur des notes de panification et à la fois aérien, floral, rafraichi par des teintes d’agrumes. Un vin vibrant, de texture souple avec des minuscules bulles crémeuses, les aromes suggèrent des agrumes et des zestes, la pêche et l’infusion, la verveine au miel, pour dévoiler toutes les notes d’autolyse sur la finale longue et salivante.

      1. RSRV 4.5 40% Chardonnay, 60% Pinot Noir des Grands Crus Verzenay, Aÿ, Bouzy 30% Vins de Reserve, dosage 6 g/l

Nez expressif et mûr, proposant des arômes de prune, de fruits rouges, pain d’épices, amande. De texture enrobée avec une acidité élevée, bulles soyeuses tissées dans un ensemble crémeux aux parfums de pêches, fleurs, tisane au miel, zeste de bergamote.

      1. RSRV Blanc de Noir 2009 Grand Cru Verzenay dosage 6 g/l

Séduisant par ses fragrances de pêche, mirabelle, miel, une touche de cire, d´épices douces, il montre aussi une riche autolyse briochée. Très frais et soyeux, soutenu par la texture teintée de fines bulles, par les phénoliques fins, zestés, les aromes se teintent d’infusion au miel, épices, sa longue finale crayeuse rebondit sur une certaine sensation mellifère.

  1. Cuvée Lalou 2006 parcelles historiques, 50% Chardonnay, 50% Pinot Noir de Grand Cru 

Le nez révèle une profondeur aromatique à mi- chemin encore entre l’exotisme du fruit et la complexité des senteurs de brioche, noisette, pot-pourri, épices grillées, toast et caramel. Crémeux, d´acidité soutenue mais intégrée dans la texture, aux phénoliques élégants soupoudrés d´épices, les flaveurs reprennent un floral de potpourri, se prolongeant sur la finale longue avec des nuances de caramel, kumquat, marmelade.

A la suite de ces dégustations on contour mieux le style Mumm : colonne vertébrale de Pinot Noir, mais pas un Pinot vineux, plutôt tensionné, esprit Nord de la Montagne. Il dirige les vins dans le sens des fruits rouges croquants. La veine du Cramant amène l´appétence par la salivation, par la fraicheur des zestes épicés. La marque de fabrique réside aussi dans le toucher inconfondable, crémeux à souhait ou la bulle se pose pour devenir texture. 

Vinothèque 

  1. 1996 dégorgé en Avril 2012 dosage 4g/l SO2 40 g/l

Or moyen, le nez s’ouvre sur des notes de moka, compote de pommes, touches exotiques, confit de mirabelles, épices orientales. Style très sec, doté d´une superbe acidité élevée, phénoliques structurants, sa texture se teinte de fines bulles ainsi que de notes de moka, toast, épices. Une finale longue, un excellent équilibre tout en longueur. Salivant, salin, pas encore dans l´umami, mais savoureux.

  1. 1973 dégorgé en mai 2018

Or profond, nez dans l’évolution oxydative, au caractère racinaire, notes de consommé de bœuf, sotolon, champignons. D´acidité modérée, digérée par le temps, le vin se dévoile dans amplitude, doté encore d´une bulle fine et fondante. Le palais reprend l´aromatique du nez : consommé de bœuf, champignons, univers racinaire, dans un style très umami, salé, long, toasté. 

  1. 1961 dégorgé en mai 2018

Or profond, cuivrée, aux bulles minuscules, le nez propose un ensemble typé, au tertiaire profond qui rappelle le moka, gentiane, un fin flux de noble volatile qui se comporte comme fil conducteur des arômes. En bouche elle soutient aussi l´acidité encore vive, boostant les épices, des teintes de sotolon fin et noble, tout en densité, en texture, a l´image d´un grand millésime, long, architecturé, aux notes de café et moka sur la retro-olfaction. 

  1. 1955 dégorgé en mai 2018 

Le nez intense rappelle un grand Sauternes, aux notes de cire, de miel, de marmelade, en fait, il oscille entre un Sherry et un Sauternes, livrant aussi un caractère salin, proche de l´umami, une note beurrée, le consomme de bœuf, de sous-bois mais aussi des fleurs de tilleul séchées, le miel. En bouche le vin digère son acidité, qui semble fondue, tout en finesse. La texture soyeuse s´imprègne de bulles délicates, évanescentes, ses arômes sont typés, dans l´évolution. La finale est longue et sapide, savoureuse, rappelant les fruits secs, le miel.